La vallée de l’Oise, un territoire en mutation exposé aux risques majeurs
Pour explorer de nouvelles approches de projets et de partenariats sur des territoires définis, des ateliers nationaux sont initiés par le ministère en charge de l’urbanisme depuis 2006.
A l’occasion de la 5e session 2013-2014 de l’Atelier national consacrée aux « territoires en mutation exposés aux risques », l’Agglomération de la Région de Compiègne et la Communauté d’Agglomération Creilloise, accompagnées de l’Agence d’urbanisme Oise-la-Vallée ont porté la candidature de la vallée de l’Oise à ce groupe de réflexion.
L’objectif : construire une stratégie de territoire en s’affranchissant des limites administratives, permettre de décloisonner les disciplines et réfléchir à de nouveaux modes d’aménagement pour faire face notamment aux risques d’inondation et aux mutations en cours et à venir sur le territoire. A l’issue de cet atelier, une feuille de route partagée et validée par les acteurs locaux, les élus et par le ministère, permettra un urbanisme différent mais adapté aux enjeux et aux risques.
Après une année de travail menée par un groupement de bureaux d’études autour d’OBRAS, les principes et concepts d’hier ont pu être revisités : principe de précaution, de protection et de règlement strict (PPRI) ; la règle « éviter, réduire et compenser », principe de gestion d’urgence pendant l’inondation, de résilience et d’adaptation du territoire. Car le territoire doit vivre et se développer malgré le risque sans mettre en danger davantage de personnes.
Ainsi, à l’issue de ces travaux, des principes généraux et par type d’aménagement ont été identifiés afin de créer une ligne directrice à l’ensemble des documents stratégiques tels que les PPRI, les PLU, les SCoT, les plans d’évacuation et de secours,…
Signée le 3 août 2015 par les deux ministères de l’écologie, du développement durable et de l’énergie et celui de l’aménagement, du logement et de la nature, cette « feuille de route » s’adresse aux acteurs publics de l’aménagement et est le point de départ pour envisager le risque d’une autre manière. Fondée sur la construction d’une vision d’avenir partagée, cette dernière propose des orientations d’aménagement. Elle s’appuie sur une démarche de projet et non réglementaire. Le réglementaire se fait au travers de la révision des Plans de Prévention des Risques d’Inondation (PPRI) qui s’appuient sur le nouvel aléa centennal avec des hauteurs d’eau souvent supérieures aux anciens PPRI.
Quatre postures et/ou stratégies ont été proposées face à cet aléa et aux enjeux stratégiques que représentent les sites : le retrait stratégique, la résistance, la sanctuarisation et la résilience.
Le défi pour Oise-la-Vallée est l’intégration de ces postures à la réalité du terrain. L’Agence accompagne donc les services déconcentrés de l’Etat et les collectivités dans cette redistribution partielle des cartes sous forme d’ateliers locaux ayant pour but l’intégration de ces quatre stratégies, couplées ou non, à diverses échelles: PPRI, TRI, projets urbains…
Néanmoins, au travers de ces ateliers, il apparait que certaines stratégies semblent plus simples à mettre en œuvre que d’autres.
Ainsi, le concept de sanctuarisation peut être considéré comme partie intégrante des Plans de Prévention des Risques d’Inondation puisque ces derniers protègent déjà, au travers des zones rouges, des espaces naturels et agricoles permettant l’expansion des crues. Malgré tout, avec le nouvel aléa centennal, certaines zones aux portes des agglomérations ou des infrastructures routières et ferrées ou de MAGEO sont remises en cause ou deviennent des enjeux importants pour le développement et le maintien durable des collectivités en matière d’économie, de démographie et d’habitat.
La résilience, quant à elle, apparait comme un concept nouveau à explorer compte tenu des problématiques de compensations hydrauliques et agricoles relativement onéreuses, mais qui suppose une réflexion en amont de la construction de la ville, des quartiers, des bâtiments et des voiries. En effet, la résilience désigne la capacité pour un territoire de retrouver ses propriétés initiales après une altération ou un choc. En ce qui concerne l’Oise et l’Aisne, les inondations sont prévisibles à 3 jours offrant ainsi la possibilité d’avertir les particuliers et les entreprises afin de limiter les dégâts, voire de les évacuer. Cependant, certains équipements sont impossibles ou difficilement déménageables ou protégeables : réseau électrique, bâtiment, infrastructure routière et ferrée, industrie lourde… Au-delà, le concept de résilience entrevoit la possibilité de vivre presque normalement pendant l’inondation. Ceci implique que les circulations de personnes demeurent malgré tout mais avec d’autres modes de déplacements, que les réseaux (télécom, distributions d’énergies, eau potable …) soient maintenus et que les installations et les dispositifs de nettoyages passifs ou actifs soient prévues afin d’accélérer le retour à la normale. Il peut être même envisagé qu’un nouvel espace ou un nouvel équipement permettent l’amélioration de la gestion de crise. Ainsi la résilience apparait comme un concept aux multiples facettes.
Partant de ce constant et afin d’anticiper sa prise en compte au sein de la vallée, Oise-la-Vallée a décidé, parallèlement au travail mené dans le cadre de ces ateliers, de confier à un stagiaire la réalisation d’un cas pratique sur la commune de Margny-lès-Compiègne. Comment intégrer ce concept de résilience aux réalisations futures en matière d’habitat, telle est la question à laquelle tente de répondre cette étude. Pour en savoir plus, cliquez ici.